Le Mémorial Cap 110 est une œuvre somptueuse érigée au Diamant en mémoire d’un épisode tragique de l’histoire des esclaves pendant la traite négrière transatlantique. Ces 15 statues, mesurant 2,5 mètres de haut et 1,5 mètre de large, représentent des hommes au torse nu, exprimant une profonde tristesse. Cette installation a été réalisée en 1998 par l’artiste martiniquais Laurent Valère pour marquer le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Dans la nuit du 8 avril 1830, lors d’une violente tempête, un navire négrier s’est échoué sur les rochers de l’Anse Caffard. Parmi près de 300 personnes à bord, seuls 86 (26 hommes et 60 femmes) ont survécu grâce à l’intervention rapide de M. Dizac, le gérant d’une plantation à proximité. Au matin, la côte était jonchée de débris et de 46 cadavres, principalement d’individus d’origine africaine. Jusqu’à ce jour, l’identité exacte du navire n’a pas pu être confirmée.
Chaque élément de ces statues porte une signification symbolique. Leur disposition en forme de delta rappelle le commerce triangulaire entre l’Afrique, l’Amérique et l’Europe. Leur orientation vers le cap 110° Est indique précisément l’endroit où le navire des esclaves fit naufrage, en direction du Golfe de Guinée. La taille imposante des statues souligne l’ampleur tragique de cet événement, tandis que leur couleur blanche est un hommage funéraire envers ceux qui ont perdu la vie.
Le Mémorial Cap 110 est aujourd’hui à la fois un monument symbolique ouvert aux habitants locaux et aux visiteurs, ainsi qu’un lieu de rassemblement pour des événements culturels et commémoratifs. Chaque année, il accueille des manifestations populaires visant à marquer l’abolition de l’esclavage, et les Martiniquais s’y rendent également lors de la Toussaint, portant des flambeaux pour rendre hommage aux naufragés.